Quelques heures à Casablanca

Extrait du message La Plume, tourné en 1989 pour
Amnistie internationale, avec le réalisateur Christian
Duguay. Gagnant de plusieurs prix, dont un Mondial
de la publicité francophone à Marrakech.
En transit entre Tunis et Montréal, j’ai décidé de visiter encore un peu Casablanca. J’y suis déjà venu, toujours quelques heures à la fois, en transit. J’ai encore beaucoup à découvrir. La fois la plus mémorable était à la fin des années 1980, alors que j’étais venu y passer une nuit après une semaine entre Rabat, Marrakech et Agadir, invité par Royal Air Maroc pour y faire une présentation pour une campagne de publicité pour vendre le Maroc aux Québécois. Aucune agence de Montréal n’avait finalement été retenue, mais j’avais passé du bon temps, particulièrement dans un luxueux hôtel où j’avais découvert l’excellente cuisine marocaine. J’étais aussi revenu à Marrakech au début des années 90, avec mon fils Julien et sa mère Lucie, pour participer à un Mondial de la publicité francophone, où j’avais remporté des prix au gala avec des messages réalisés pour Amnistie internationale (le film intitulé La Plume, je crois) et pour la Société de l’Assurance automobile du Québec (campagne pour contrer l’alcool au volant).

Gare avant d'arriver à Casablanca.
Après une nuit à l’hôtel Relax de l’aéroport, me voici donc à bord du train qui m’amène vers le port. Il est 9h. J’ai bien failli manquer le train cependant… Croyant qu’on accepterait des euros ou une carte de crédit à la gare et un peu pressé dans le temps, je n’avais pas pris de dinars à un guichet automatique de la gare. En fait, j’avais essayé hier soir à mon arrivée, mais sans succès. Il manquait le symbole « Cirrus ». Comme il y avait une longue attente, avec détecteur de métal pour revenir sur mes pas et me rendre à un bureau de change, j’ai réussi, après un premier essai infructueux, à échanger 10 euros pour 100 dirhams à un deuxième employé d’un bureau de location d’autos, situé juste à côté de la billetterie de la gare. Il m’en coûte 85,50 dirhams pour faire l’aller-retour.

Gare du port, plus centrale, que je recommande.
Hier, à Tunis, on m’avait proposé d’inscrire mon bagage de soute directement pour Montréal. Je ne suis donc pas embarrassé de ma grosse valise depuis hier soir, voyageant ainsi plus léger. Je suis donc parti ce matin avec mon sac à dos, un peu lourd quand même parce que j’ai acheté, en boutique hors taxe à Tunis, une bouteille de vin et un digestif tunisien, ainsi qu’une bouteille d’huile d’olive bio locale. Le train entre l’aéroport et le port prend 45 minutes. Comme j’ai déjà ma carte d’embarquement, je reviendrai par le train de 14h, l’avion pour Montréal étant à 17h30.


Je profiterai de ces heures d’attente, puis de vol, pour terminer la révision de la présentation que je fais ce lundi 7 mars à Recyc-Québec, suivi d’un cours à l’université à 16h. Mon retour à Montréal est on ne peut plus chargé. Si vous voulez profiter au maximum de quelques heures à Casablanca, je crois qu’il est préférable de descendre à la gare de Casa Port. 

Tournage sur la terrasse attenante au Café Maure
La Sqala, pas très loin de la gare Casa Port.
La dernière fois que j’avais profité de quelques heures, comme aujourd’hui, j’étais descendu à la gare d’avant, Casa Voyageurs, et j’avais dû prendre un taxi pour finir le trajet. C’était quand même bien, si je considère que le chauffeur m’a fait l’offre de me faire voir les principaux pôles d’attraction, dont la grande mosquée Hassan II, si ma mémoire est bonne, et d’autres lieux que je n’aurais pu voir à pied, passant même devant le célèbre Rick’s Café, où on avait tourné le film Casablanca avec Ingrid Bergman et Humphrey Bogart. J’ai d’ailleurs lu dans Wikipédia que le rôle de Rick avait d’abord été offert à Ronald Reagan, qui avait dû le refuser parce qu’il devait se rapporter à l’armée américaine pour faire son service militaire… On l'a échappé belle; comme quoi le destin fait parfois bien les choses!

Je voulais donc d’abord marcher jusqu’au Rick’s Café, mais chemin faisant, j’ai découvert un jardin de l’ancienne médina, aujourd’hui transformé en resto-terrasse, le Café Maure Sqala. Très joli. Plusieurs familles marocaines y sont présentes en ce dimanche matin, pour le brunch. C’est bon signe, ce n’est donc pas que touristique. J’observe aussi, dans un des escaliers qui y mènent, qu’on est en plein tournage. Beaucoup d’action! J’arrive ensuite à la destination prévue. Deux hommes en noir à l’entrée me confirme que le Rick’s Café n’ouvre qu’à midi. Il n’y a pas de menu affiché à l’extérieur pour l'instant. Plus ou moins accueillant. Pas de prix? Dispendieux peut-être? Je quitte donc en direction de l’ancienne médina.

Vendeurs de poissons et de jus d'orange frais... À vous
de choisir, vous avez le détail des poissons en plan!
Plus calme que la veille à Tunis. En fait, ce n’est pas encore tout à fait ouvert. Je déambule tranquillement jusqu’à ce qu’un Marocain m’aborde pour me dire que si je veux faire de belles photographies, il y a la terrasse d’une coopérative, juste à côté, où j’aurai une belle vue sur la médina. 

Vue de la Médina du haut de la terrasse d'une
coopérative vendant des produits marocains...
Classique. On vous prend par les sentiments pour vous amener chez un ami vendeur. Chemin faisant, il m’explique que toutes ces boutiques qui ouvrent proposent des produits chinois… ce sont des attrape-touristes! Alors que l’endroit où il me mène, ce sont de véritables produits marocains. Évidemment.

Même impression que dans la Médina de Tunis :
trop de produits qui ne seront jamais tous achetés.
On arrive donc chez son collègue. Il y a en effet, de la terrasse, une vue intéressante. De retour à l’intérieur, on m’offre naturellement, et gratuitement, le thé à la menthe. Ça y est, c’est reparti pour la présentation de tapis. Pas question de prix. Juste regarder. Jusqu’à ce que ça clique. J’explique que je n’ai pas de place dans mes bagages, on fait la livraison gratuite, jusqu’au Canada! Non, merci, vraiment… mais les tapis sont dépliés, l’un après l’autre. 

Vous comprendrez que ne voulant pas acheter, je
n'ai pas fait de photos à l'intérieur de la coop.
Le vendeur a bien compris que je n’achèterais pas de grands tapis. Il élimine donc jusqu’à un petit tapis de soie. Il avait dû voir dans mes yeux que celui-là ne m’avait pas trop rebuté. Il attaque : 900 dirhams, c’est-à-dire 120 $ CDN. Non, désolé, je ne suis pas venu pour ça, je marchais dans le quartier. « Fais-moi un prix, tu es mon premier client de la journée, je ne serai pas choqué ». Je ne veux pas le fâcher, mais il insiste. Je lance alors 50 dirhams. Je ne sais pas trop ce qu’il a dit en arabe, mais j’ai compris que c’était vraiment trop peu. Il réplique donc, comme c’est sa première vente de la journée, avec 300 dirhams. C’est quand même le tiers de ce qu’il avait annoncé. Finalement, je redis que je ne suis pas venu pour ça, je ne veux pas jouer, je me lève et je quitte. En descendant l’escalier, il va maugréer et on retrouve, à la sortie de l’immeuble, le gentil rabatteur, qui attendait probablement sa commission. Désolé. Je ne suis pas dans cet esprit d’acheteur aujourd’hui.

Parc où j'ai écrit une partie de ce récit.
Il est environ 11h15. Je m’arrête dans un petit parc pour télécharger des images et écrire une bonne partie de ce texte. Puis à midi, je reviens au café de Rick pour enfin entrer dans ce lieu mythique où Michael Curtiz a tourné ce chef d’œuvre du cinéma (1942), troisième meilleur film américain de l’histoire, selon le palmarès de l’American Film Institute qui place Citizen Kane (1941), d’Orson Welles, en tête, suivi de The Godfather (1972), de Francis Ford Coppola.


On m’installe à une table, avec le piano de Sam bien en vue… Je revois dans ma tête cette scène ou la belle Ingrid Bergman demande « Play it once, Sam… » et l’arrivée subite d’Humphrey Bogart qui, entendant cette chanson qui lui rappelle son grand amour, est tout surpris de la retrouver dans son café. On peut prendre autant de photos qu’on veut, ça fait partie des habitudes de la place. Un garçon se plie même au caprice de me photographier près du piano. Interdit d’y toucher cependant, il est réservé aux successeurs de Sam qui viennent animer la place en soirée. On m’apporte le menu, sur lequel il est clairement écrit qu’on peut l’apporter avec soi. À la sortie, on me remettra aussi une carte de visite et une carte postale. Du bon marketing.

Il y a en effet plusieurs touristes qui viennent prendre un café au bar ou un petit brunch, comme moi. Ce qui est assez paradoxal, c’est que je n’hésite pas à payer probablement autant que je n’aurais laissé pour le petit tapis que pour quelques consommations dans ce café unique! Autre surprise : je vois arriver un jeune couple d’américains, qui étaient mes voisins immédiats dans l’avion entre Tunis et Casablanca hier soir. Je les salue avant de quitter; ils sont, pour leur part, en route pour Marrakech.    


Les quelques heures passées à Casablanca, finalement très animées, sont maintenant terminées. Me voilà de retour à l’aéroport où je prendrai mon vol pour Montréal d’ici quelques heures. Toute bonne chose a une FIN, comme dans la dernière image de Casablanca.

Autres photos à venir... On fait l'appel pour le vol de Montréal!

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